Friande d’expériences insolites de toutes sortes dans le domaine du bien-être, je suis attirée début 2021 par une publicité annonçant l’ouverture début mars à Nantes de Neoden, un centre de soins proposant des séances de flottaison. Afin d’en savoir plus sur cette pratique, je me rends sur le site Internet de ce nouvel espace bien-être et je suis tout de suite séduite par la teneur des informations qu’on y présente.

« Installé dans votre Neopod, vous êtes coupé de toutes nuisances extérieures. L’eau chaude riche en sels d’Epsom permet à votre corps de flotter et de vivre une sensation d’apesanteur. Le temps d’une heure, vos sens endormis libèrent progressivement votre esprit, pour atteindre un état de relaxation intense. Reposés, votre corps et votre esprit sont régénérés. »

J’ai déjà expérimenté à Salies de Béarn une séance en piscine fortement salée (au sel de Salies, bien sûr !) et j’en garde un excellent souvenir. J’ai donc bien envie de tenter cette nouvelle aventure. Un beau cadeau que je décide de m’offrir pour mon anniversaire.

Le jour J, je me présente à mon RDV un bon quart d’heure en avance, comme cela est suggéré. Je suis reçue par Sandrine, qui m’invite à prendre place dans l’espace accueil. Confortablement installée, j’écoute la présentation de Sandrine qui m’explique l’origine du concept de flottaison et me détaille la façon dont va se dérouler la séance. Une rapide visite de l’espace de soins complète cette présentation.

Je troque vêtements et chaussures contre un peignoir moelleux et une paire de chaussons, puis Sandrine me conduit jusqu’à la porte de ma cabine de soins. Me voilà prête pour le voyage.

Après un rapide passage sous la douche, je m’approche du « Neopod » qui ressemble à une grande baignoire en forme d’œuf, équipée d’un couvercle. L’intérieur est éclairé d’une douce lumière bleue. Sur la droite, un bouton pour contrôler l’éclairage ; sur la gauche, un bouton d’appel pour alerter Sandrine au cas où j’aurais besoin de son assistance.

Une musique relaxante m’invite à me glisser dans le Neopod. Ayant déjà testé la flottaison dans une eau très porteuse, je parviens rapidement à trouver ma position. Dans l’eau tiède de cette grande baignoire contenant pas moins de 550 kg de sel d’Epsom (également connu sous le nom de sulfate de magnésium), je flotte comme sur la Mer Morte. Je bouge un peu à droite, un peu à gauche. Je m’approprie ce petit espace et me détends très rapidement.

Pour vivre l’expérience pleinement, je décide alors de fermer complètement le couvercle du Neopod, et d’éteindre la lumière. Plongée ainsi dans l’obscurité, je sens l’inquiétude pointer le bout du nez. Je me rassure en me remémorant la configuration du cocon : le bouton d’éclairage à droite, le bouton de communication à gauche, la poignée pour soulever le couvercle au dessus de ma tête. Je ferme les yeux, et tente de me relaxer plus profondément dans cette eau à température du corps.

Les dernières notes de musique s’envolent et laissent place au silence… Silence ? Pas tout à fait ! J’entends très distinctement les battements de mon cœur. Toc toc, toc toc… Rythme lent, rythme rapide, au gré de mes pensées. Je ne sens plus mes membres, mais j’ai l’impression que ma tête pèse une tonne ! Je bouge un peu, essaie de toucher les parois du cocon avec mes mains. Et soudain, c’est la panique ! J’ai peur de ne plus trouver l’interrupteur, j’ai peur de ne plus pouvoir soulever le couvercle. Mon cœur bat la chamade. Allons, du calme Patricia, tu ne peux pas avoir bougé énormément dans cet espace réduit. Je finis par retrouver la poignée du Neopod et je soulève légèrement le couvercle. Une lumière se rallume. Me voilà rassurée. J’ai paniqué bêtement, comme une enfant qui se réveille en peur dans la nuit. Je respire profondément, referme le couvercle, et m’allonge de nouveau sur mon matelas d’eau salée. Je me laisse porter, retrouve peu à peu le calme. Tout va bien. Il ne m’arrivera rien.

Des images défilent dans ma tête. Des souvenirs d’enfance, des moments où on me donnait le bain. Toujours ce cœur qui bat. J’ai l’impression que mon corps se réduit à ma tête. Elle est énorme et mon cœur tambourine dedans. J’ai un peu mal au niveau de la nuque. Elle est si lourde, cette tête !  Je bouge mes bras et mes jambes. Ce ne sont plus que de fines bandelettes qui flottent à la surface de l’eau. Je danse maintenant. Mes bras deviennent des ailes et je m’envole. Mes mains et mes pieds touchent les parois du Neopod. Image de l’homme de Léonard de Vinci. L’homme dans son cercle. Perfection du corps humain. Merveille de la nature.

J’entends une voix me parler. Ma petite voix intérieure ? Ou celle de mes ancêtres ? Le temps n’est plus mesurable. J’ai l’impression d’être là depuis une éternité. « J’étais comme un bateau coulant dans l’eau fermée, comme un mort je n’avais qu’un unique élément ». Cette phrase de Paul Eluard me revient à l’esprit. Mon unique élément à moi en cet instant, c’est l’eau. Tel un bébé dans le ventre de sa maman, je sens sur ma peau cette eau grasse qui me porte, m’entoure, me protège. Je suis bien.

Je décide alors de rallumer la lumière, pour vivre l’expérience différemment. L’eau prend une teinte bleu turquoise qui me rappelle le lagon de Nouvelle Calédonie. Je nage avec les poissons, je suis poisson, je suis sirène.

Soudain, j’entends la petite musique qui revient, pour me signaler que le voyage touche à sa fin. Je m’étire doucement, m’assieds et relève le couvercle du cocon. J’attrape ma serviette,  m’extirpe à regret du Neopod, et file sous la douche pour me débarrasser du sel qui a imprégné ma peau et mes cheveux. Séchée puis enveloppée dans mon peignoir, je passe dans la salle de détente où je me sers une bonne tisane bien chaude, que je savoure sur les coussins douillets d’un profond canapé. Sandrine fait une apparition rapide pour recueillir mes impressions. Je lui raconte avec enthousiasme cette première expérience que je qualifie de réussie. Puis Sandrine s’éclipse pour me laisser profiter pleinement de ce moment de sérénité. Je suis si détendue que je resterais bien  là des heures à rêvasser, à me remémorer chaque instant de ce voyage intérieur.

Mais il faut retourner à la réalité ! Je retrouve mes affaires personnelles, me rhabille, échange encore quelques mots avec Sandrine, et quitte à regret ce magnifique havre de paix.

Une chose est sûre : je reviendrai !

PS : j’y suis retournée, en effet. Je suis même devenue une fidèle cliente et je m’offre tous les mois une séance pour faire un bon nettoyage énergétique (grâce au sel d’Epsom), me détendre  et aussi recharger mes batteries.